mercredi 20 janvier 2010

LaboCom >14< Quand les entreprises performantes oublient l’éthique des affaires

On pensait jusqu’à présent que les entreprises présentant de bons résultats étaient moins sujettes que les autres à des comportements frauduleux et illégaux. Selon Yuri Mishina et ses collègues, de l’Université du Michigan, il n’en est rien : les excellentes performances font au contraire le lit des comportements éthiques.

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont examiné le parcours de 194 entreprises industrielles (américaines) sur 10 ans, entre 1990 et 1999. Ils ont observé une corrélation négative entre les résultats et les condamnations.

Comment expliquer le phénomène ? Y. Mishina évoque trois facteurs explicatifs.
  • Le premier est l’aversion de la perte, bien documenté en psychologie générale : plus les gains et les succès sont au rendez-vous, plus nous sommes psychologiquement « fragiles » devant l’éventualité d’une perte ;
  • Le deuxième est l’hubris : en situation de performances répétées, décideurs et managers perdent leur vigilance, venant à penser qu’ils sont infaillibles (nous pourrions appeler cela « effet Kerviel » en France…) ;
  • Le troisième facteur est appelé house-money effect dans la littérature économique : on ne gère pas l’argent de l’entreprise comme son argent personnel, notamment en situation de bénéfices, c’est-à-dire que l’on risque plus volontiers les sommes importantes d’un groupe que les siennes propres.
Conclusion : si votre entreprise obtient d’excellents résultats, c’est l’occasion ou jamais de faire respecter sa charte éthique au lieu de vous reposer sur des lauriers dont l’éclat pourrait bien réserver de mauvaises surprises ! Performance doit rimer avec vigilance.

Références : Mishina Y et al (2010), Why good firms do bad things : The effects of high aspirations, high expectations and prominence on the incidence of corporate illegality, Academy of Management Journal, e-pub décembre 2009.
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