jeudi 28 août 2008

Les jargons métiers sont des marqueurs culturels

par Jean Laloux

Dans un article de l’édition du 18 août 2008 de la newsletter de Keljob, Antoine Vlastuin rappelle avec raison que la « babélisation » de la communication en entreprise peut nuire à son fonctionnement. Cet éclatement des langages altère en effet la fluidité de la communication entre les métiers, voire entre les individus, et peut, par exemple, ralentir l’avancée de projets transversaux.

En d’autres termes, l’indifférence de l’entreprise à l‘égard de son langage a d’incontestables répercussions sur la productivité, mais aussi sur la cohésion sociale et la manière dont l’identité de l’entreprise est déclinée auprès des collaborateurs.

Si informaticiens, juristes, comptables, etc., se murent parfois dans leur jargon, c’est à la fois pour de bonnes et de mauvaises raisons. Les bonnes : un jargon est un langage dont la précision et la technicité permettent à des pairs de communiquer entre eux de manière efficace, en évitant d’inutiles périphrases ; les mauvaises : un jargon c’est aussi une manifestation de la culture d’un métier, d’une profession, d’une corporation, une manière de revendiquer un territoire linguistique, dont sont exclus les non-initiés, et souvent au détriment d'une culture commune partagée.

Etablir des glossaires, veiller à ce qu’un même produit ou un même process soit qualifié par tous de manière identique, s’attacher à ce que la communication vers toutes les parties prenantes soit lexicalement homogène constitue quelques bonnes pratiques qui sont bien loin d’être toujours appliquées.
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