Comme tous leurs concitoyens, l’équipe du cabinet Inférences
a reçu cette semaine les professions de foi des candidats à l’élection
présidentielle. Notre vocation n’est certes pas de produire des analyses
politiques, mais nous vous livrons ici quelques observations rapides sur des
éléments marquants dans le langage des politiques.
Il est intéressant de noter que tous les candidats plutôt classés à droite de l’échiquier politique se réfèrent à la France dans leur slogan de première page : une « France forte » pour Nicolas Sarkozy, une « France libre » pour Nicolas Dupont-Aignan, une « France solidaire » pour François Bayrou, et un large « oui, la France » pour Marine Le Pen.
A cette inscription dans le registre de la nation, les
candidats de gauche préfèrent des références à des concepts ou à des
dynamiques : le « vrai changement » d’Eva Joly, « prenez le
pouvoir » de Jean-Luc Mélenchon, « le changement c’est
maintenant » de François Hollande, « une candidate communiste »
pour Nathalie Artaud, « aux capitalistes de payer leurs crises » pour
Philippe Poutou. L’inclassable Jacques Cheminade se démarque par des références
étrangères et ciblées : « Un monde sans la City ni Wall
Street ».
Côté couleur, la dominante est bleue pour la droite, rouge
pour la gauche, et les lunettes vertes d’Eva Joly s’imposent assez
malicieusement dans un portrait en gros plan. Mais il y a deux exceptions à
cette colorisation attendue de la bipolarisation et de l’écologie :
François Hollande a choisi le bleu qui domine plutôt dans le camp adverse,
François Bayrou a tenté une synthèse entre des éléments rouges sur un fond
bleu, qui sied assez logiquement à son positionnement centriste.
Le "je" et le "nous" ne sont pas politisés…
Qu’en est-il du « nous » et du « je » ?
Ces pronoms décident d’une adresse personnelle ou collective aux électeurs,
centrant plus ou moins le message sur le candidat ou sur ses idées. Les
candidats les plus « impersonnels », usant du « nous » et
de formes infinitives ou impératives, sont Philippe Poutou, Jean-Luc Mélenchon,
Nathalie Artaud et Jacques Cheminade. Très peu de « je » pour ces
discours orientés résolument sur des idées plutôt que des personnes. Trois
autres utilisent un mix équilibré entre des propositions générales et
impersonnelles d’un côté, des adresses à la première personne d’un autre
côté : Eva Joly, Nicolas Sarkozy et Nicolas Dupont-Aignan. Nous avons
enfin trois champions du « je », avec des slogans à la première
personne qui ponctuent leur profession de foi (« je vais », « je
garantirai », « je proposerai », etc.) : François Hollande,
François Bayrou et Marine Le Pen.